Le Bois des Rémanents – Amiens

Le bois des Rémanents

L’ILE AUX FAGOTS, HORTILLONNAGES, AMIENS (60)

 

Maîtrise d’ouvrage : Maison de la Culture d’Amiens
Maîtrise d’œuvre : Chorème

Surface : 3000 m²
Coût : 30 000 €HT
Date : 2017/18

Je fagotais, tu fagotais, elles fagotaient… Dans les hortillonnages, à la fabrique légumière s’associait une production ligneuse jadis valorisée. De la bille à la brindille, entre coupes et tresses, les rémanents, pièces de bois délaissées sur place, trouvaient un second souffle. Entassés, triés, ordonnés, alignés, ces branchages amassés alimentaient un cercle vertueux d’usages variés : clôtures, chauffe, contenants, paillage, compost…

 

Sur l’île aux Fagots, les branches de saules rémanentes, fagotées en quantité, accueillaient les récoltes de légumes. En ce même lieu aujourd’hui, le Bois des Rémanents, abrite d’intimes clairières nouant un parcours de promenade, ruban lissé ou distendu dans des ambiances abritées ou parfois baignant près d’un rieux.

Trouvés sur place ou comme tombés du ciel, les rémanents s’assemblent et fabriquent ici de nouveaux espaces. Souches, bûches, branches, tiges, paillis… se rebiffent et se dressent, ravivés.

Souche qui peut ! Une première clairière dresse un parterre de souches dont la ronde officialise une scène figée au cœur du bois : un amphithéâtre ligoté par les arbres en coulisses. On s’assoit, on écoute ; place nous est faite parmi les épiphytes soigneusement logées, ici et là, au creux des anciens ligneux.

C’est clair ! Chez les hortillons, l’arbre cache le rieux. Une autre clairière nous amène à l’eau sur le quai des branches acheminées depuis les profondeurs du marais. On décharge, on tri, on transforme. Débités en lamelles, les troncs s’offrent à nouveau au visiteur lui laissant le loisir du réassemblage, de l’empilement… et de la signature ; des quernes de bois comme marque rémanente du passage et du souvenir.

Maille ou dentelle ? Une autre clairière nous abrite par ses parois nervurées, branches dressées et tissées comme pour mieux exister et filtrer la lumière. Cocon si l’en est, éloge de l’abri primitif ou de la cachette, on s’y réfugie avec confort à l’appel des fagots aussi bien pailler qu’une méridienne.

Cette déambulation s’effectue par un chemin noué dans le sous-bois fragmenté, une itinérance abritée des regards par la compilation des délaissés, filtres de lumière à la vie retrouvée. Bancs filants, tressages filés, le bois des rémanents est (re)devenu un espace à vivre et à faire vivre.

Cet éloge du bois mort résonne avec les préoccupations contemporaines, celles de restaurer un processus temporel et social, conjointant milieu physique et nouveaux usages. Puissent ces premiers artefacts engager une reconquête du bois puis une appropriation du lieu par tous.

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